Aliki Vougiouklaki
La star ‘’nationale’’
C’est l’artiste qui a incarné l’éternelle jeunesse et l’insouciance dans l’esprit du peuple grec si tourmenté par les souffrances des années d’après-guerre. Aliki (appelée surtout par son prénom, en signe d’intimité) constitue le symbole du grand essor du cinéma grec commercial.
Sa carrière tellement réussie et sa popularité exceptionnelle auprès de plusieurs générations successives de spectateurs lui confèrent la qualité d’une vraie star du cinéma, sans précédent dans l’industrie cinématographique grecque.
Née en 1933, elle montre très vite une forte inclinaison vers l’art dramatique. Elle réussit au concours d’entrée à l’école dramatique du Théâtre National, où elle devient l’élève de metteurs en scène importants de l’époque tels que Dimitri Rondiris et Alexis Solomos.
Son début sur scène survient avec le rôle de Juliette de Shakespeare, avec lequel elle attire immédiatement l’attention des critiques.
Mais c’est au cinéma qui attire la grande foule où Vougiouklaki trouve son élément.
Sa première apparition se fait dans le film La petite souris (1954) de Nikos Tsiforos, suivie par toute une longue série de rôles légendaires dans des films célèbres, surtout des comédies, produites par la firme Finos.
Dans la plupart d’eux, elle joue la fille mignonne et vulnérable qui fait des malices et tombe amoureuse, comme dans le film La Correction va venir du paradis (1959- vidéo), où Aliki est une collégienne gâtée, séduite par son professeur.
Le film Aliki dans la Marine (1961- vidéo) dans lequel Vougiouklaki entre clandestinement dans un navire de guerre pour l’amour d’un marin, est un grand succès commercial. Bien qu’identifiée avec un répertoire facile et léger, son talent a été reconnu aussi dans des rôles bien exigeants.
En 1960, elle est honorée du premier prix du festival de Salonique pour son interprétation à Mantalena (vidéo), un film émouvant, vêtu aux mélodies charmantes de Manos Hatzidakis, qui participe également au festival de Cannes. Au début des années 1970, l’actrice surprend l’audience, en jouant avec virtuosité le rôle dramatique d’une femme engagée à la Resistance contre les Nazis dans le film Sous-lieutenant Natacha, qui reste jusqu'à aujourd’hui parmi les plus grands succès commerciaux du cinéma grec.
Même si elle n’a pas la voix expérimentée d’une chanteuse, elle interprète très dignement des chansons des compositeurs grecs les plus importants de l’époque, comme Hatzidakis, Theodorakis, Markopoulos, Ksarhakos etc.
Sa tentative de poursuivre une carrière à l’étranger fut cependant un échec. L’audience internationale se montre méfiant envers ses deux films tournés en anglais, Aliki my love (1963) et Double accord (Dancing the sirtaki, en anglais) (1966).
Le partenaire de Vougiouklaki dans la plupart de ses films fut l’acteur important Dimitris Papamichael, avec qui ils deviennent un couple dans la vie aussi.
Leur mariage en 1965 est reçu avec enthousiasme par leurs nombreux fans. Ceci ne dure que 10 ans, mais donne à Aliki son fils bien aimé, né en 1969.
Parallèlement à sa grande carrière cinématographique, elle ne cesse de travailler au théâtre aussi. Elle devient la chef de sa propre troupe théâtrale depuis 1957.
Beaucoup de scenarios de ses films dans les années ‘60 étaient initialement écrits et présentés comme pièces de théâtre.
Dans les années ‘80, à l’époque du déclin galopant de l’industrie cinématographique grecque, elle propose à ses spectateurs un genre inhabituel pour le spectacle grec, la comédie musicale.
Des productions très riches et élaborées, comme Cabaret, Cabiria, Evita, ainsi que La Mélodie du Bonheur, sa dernière pièce, connaissent un succès remarquable.
Elle monte deux fois sur la scène de l’ancien Théâtre d’Epidaure aux rôles d’Antigone et de Lysistrata, en suscitant quand même des commentaires controversés.
Elle meurt brusquement à l’âge de 63 ans et en pleine créativité par un cancer. Son décès inattendu plonge en deuil le peuple grec qui lui a montré son affection pendant plus de quatre décennies.
Elle reste toujours un personnage populaire, symbolisant l’adolescence éternelle d’une autre époque d’innocence et d’insouciance.