Caractérisé comme le pionnier du cinéma américain indépendant, John Cassavetes (1929-1989), fils d’immigrés grecs, a commencé sa carrière dans les années 1950 en tant qu’acteur du cinéma et de la télévision dans des productions bien accueillies.
Esprit vif, Cassavetes, crée en 1956 un atelier de théâtre où règne la méthode de l’improvisation et deux années plus tard il commence à réaliser son premier film quasi documentaire Shadows.
Le film, considéré comme l'écho de la Nouvelle Vague - qui naît à cette époque en France - est un exercice libre de la part du réalisateur et de ses acteurs. Le film, tourné avec une camera à l’épaule et peu de moyens, raconte l’histoire d’un petit groupe de jeunes noirs et métis confrontés à la discrimination raciale.
Le film ayant comme fond la ville de New York et la musique du jazzman Charles Mingus, est mieux accueilli en Europe, gagnant le prix de la critique au Festival de Venise avant d’être diffusé aux États Unis.
C’est avec ce film, plein de liberté et d’intensité, qu’apparait une nouvelle vague new-yorkaise au cinéma américain en s’appropriant les caractéristiques du “cinéma-vérité”.
Cassavetes, dans les années suivantes, s’efforce de concilier la vision artistique avec la carrière à Hollywood et tant qu’acteur et réalisateur. Sans éviter les rapports difficiles et les conflits, il réalise des films pour de grands studios du cinéma américain, tels que Too Late Blues, traduit en français par La Ballade des sans-espoirs (1961) et Un enfant attend (A Child Is Waiting) (1963), le premier film dans lequel apparaît son épouse, l’actrice Gena Rowlands, aux côtés de Judy Garland et Burt Lancaster.
La relation tourmentée de Cassavetes avec les grands studios de production comprend aussi sa participation en tant qu’acteur dans un nombre de films tels que Rosemary's Baby, de Roman Polanski, les Douze Salopards de Robert Aldrich etc.
Grâce à l’argent qu’il gagne par sa collaboration avec Hollywood, il tourne son deuxième filmFaces en 1968. Écrit d’abord pour le théâtre, Faces, suit la dérive d'un couple d'âge mûr en panne, dans leur aventure extraconjugale. Avec son propre style, Cassavetes libère le jeu d'acteur qu'il place au centre de son dispositif cinématographique et focalise son œuvre sur la classe moyenne américaine.
Le film est sélectionné à la Mostra de Venise dans la catégorie “meilleur film” et “meilleure interprétation masculine”, en revendiquant trois Oscars.
Entouré d’acteurs fidèles à son cinéma (Peter Falk, Ben Gazzara, Seymour Cassel) Cassavetes a aussi réalisé les films Husbands, Minnie et Moskowitz, Opening Night, Torrents d'amour, Meurtre d'un bookmaker chinois, Gloria et Big trouble sans céder aux facilités d’un cinéma idéologique ou sociologique. Les films de Cassavetes parlent des sentiments et des faiblesses de ses protagonistes filmés sans cesse par le réalisateur, souvent jusqu’ à ce que la pellicule arrive à son terme.
John Cassavetes a laissé son empreinte dans l'histoire du cinéma américain influençant également le cinéma européen. Woody Allen, Pedro Almodóvar entre autres, font l’éloge du metteur en scène gréco-américain tout en s’appropriant un certain nombre d’éléments de son œuvre cinématographique.