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cinema grec

JULES DASSIN

Le 08/03/2013

Jules Dassin

Un Cinéma d’un Grec différent

Jules Dassin s’inscrit parmi les personnages remarquables de l’art du cinéma du 20e siècle, un véritable cosmopolite à trois patries (Etats-Unis, France, Grèce) dont les liens avec la Grèce furent très étroits et profonds pendant des décennies. 
Né à Connecticut en 1911, fils d’une famille juive, il est attiré depuis sa jeunesse par le grand écran. Dès les années 1930, il devient partisan actif de la gauche et adhère au Parti Communiste.
C’est pourquoi, après ses débuts cinématographiques à Hollywood dans les années 40, il est placé sur la célèbre "liste noire" des personnalités communistes. Il trouve refuge d’abord à Londres, puis en France, avant de s’installer en Grèce dans les années 1960, suite à son mariage avec la fameuse actrice grecque Melina Mercouri.
 
Il débute comme metteur en scène au théâtre, passe au cinéma par le biais de court-métrages et apparaît aussi souvent comme acteur dans ses propres films. A Hollywood, il travaille d’abord en commande pour Metro Goldwyn Mayer (MGM) et ensuite il devient très actif au sein de l'Actor's Lab, compagnie de théâtre expérimentale.
Dans les années 1940, il devient l’assistant d’Alfred Hitckok, dont l’influence sur la technique et la direction d’acteur est parfois évidente.
Ses films indépendantsLes Démons de la Liberté et La Cité sans voile révèlent un savoir-faire exceptionnel. Lors de la "chasse aux sorcières", il est exilé à Londres en 1949 où il tourne Les Forbans de la Nuit, un filmunique et remarquable, fantasmagorique et tragique, dont la distribution aux Etats-Unis fut interdite. 
Le film pour lequel Dassin sera apprécié comme un maître du « film noir », c’est le thriller Du Rififi chez les hommes, tourné en France en 1954. Il sera honoré du grand prix de la réalisation au festival de Cannes en 1955, où le réalisateur fait la connaissance de Melina Mercouri, la femme qui allait lui changer la vie en l’introduisant aux charmes de la culture et de l’esprit grec.
Il vient en Grèce en 1957 pour réaliser en Crète le film Celui qui doit mourir, basé sur le chef d’œuvre de Nikos Kazantzakis Le Christ recrucifié
Mercouri est la muse de son plus grand succès commercial, le film Jamais le dimanche, où Dassin interprète le rôle d’un philhellène Américain qui tombe amoureux d’une prostituée au Pirée et tente de l’apporter au droit chemin.
Mercouri gagne le prix de la Meilleure Interprétation féminine, au festival de Cannes en 1960 tandis que la musique sublime de Manos Hatzidakis pour le film, y compris la chanson Les enfants du Pirée, est honorée du prix de l’Académie Cinématographique Américaine (Oscar) pour la meilleure musique de film en 1961. 
Par la suite, vient Phaedra en 1962, où Melina Mercouri joue le rôle principal à côté d’Anthony Perkins dans une transposition du mythe grec ancien homonyme dans la Grèce contemporaine, d’après un scenario de Marguerite Limperaki.
Deux ans plus tard, le film Topkapi, un thriller sur le vol d’un diamant, tourné à Istanbul, sera enregistré comme un des œuvres de Dassin les plus remarquables et les plus réussies. 
Lors du coup d’état en Grèce, en 1967, Dassin et Mercouri se trouvent à New-York ou ils montent à Broadway la pièce Ilya darling, une adaptation de Jamais le dimanche. Là, ils trouvent l’occasion de lancer une campagne d’information et de résistance contre la dictature des colonels.
Jusqu'à la reconstitution de la démocratie, le couple reste exilé à Paris. De retour en Grèce, Dassin réalise, toujours avec Mélina, des œuvres inspirées du patrimoine intellectuel grec classique aussi bien que de l’histoire récente de la Grèce. The Rehearsal (1974) illustre la révolte des étudiants à Athènes en 1973 contre le régime militaire.
Le Cri des femmes (1978) est inspiré de la tragédie Médée. Aux années 1980, Mercouri poursuit une carrière politique comme Ministre de la Culture et Dassin rentre à la mise en scène au théâtre, en présentant des performances toujours de haute qualité artistique, telles que L'Opéra de quat’ sousMort d'un commis voyageur et tant d’autres. 
Après la mort de sa femme en 1994, Dassin s’engage à la poursuite de la vision de Mercouri, du retour en Grèce des marbres du Parthénon, exposés au Musée Britannique de Londres. Il meurt en 2008 par les suites d’une grippe, à l’âge de 96 ans.
L’état grec lui avait accordé la nationalité grecque à titre honorifique déjà depuis 1988, en reconnaissance de sa contribution et de son amour pour la Grèce.

JOHN CASSAVETES

Le 08/03/2013

John Cassavetes

Caractérisé comme le pionnier du cinéma américain indépendant, John Cassavetes (1929-1989), fils d’immigrés grecs, a commencé sa carrière dans les années 1950 en tant qu’acteur du cinéma et de la télévision dans des productions bien accueillies.
Esprit vif, Cassavetes, crée en 1956 un atelier de théâtre où règne la méthode de l’improvisation et deux années plus tard il commence à réaliser son premier film quasi documentaire Shadows.
Le film, considéré comme l'écho de la Nouvelle Vague - qui naît à cette époque en France - est un exercice libre de la part du réalisateur et de ses acteurs. Le film, tourné avec une camera à l’épaule et peu de moyens, raconte l’histoire d’un petit groupe de jeunes noirs et métis confrontés à la discrimination raciale.
Le film ayant comme fond la ville de New York et la musique du jazzman Charles Mingus, est mieux accueilli en Europe, gagnant le prix de la critique au Festival de Venise avant d’être diffusé aux États Unis.
C’est avec ce film, plein de liberté et d’intensité, qu’apparait une nouvelle vague new-yorkaise au cinéma américain en s’appropriant les caractéristiques du “cinéma-vérité”.
Cassavetes, dans les années suivantes, s’efforce de concilier la vision artistique avec la carrière à Hollywood et tant qu’acteur et réalisateur. Sans éviter les rapports difficiles et les conflits, il réalise des films pour de grands studios du cinéma américain, tels que Too Late Blues, traduit en français par La Ballade des sans-espoirs (1961) et Un enfant attend (A Child Is Waiting) (1963), le premier film dans lequel apparaît son épouse, l’actrice Gena Rowlands, aux côtés de Judy Garland et Burt Lancaster.
La relation tourmentée de Cassavetes avec les grands studios de production comprend aussi sa participation en tant qu’acteur dans un nombre de films tels que Rosemary's Baby, de Roman Polanski, les Douze Salopards de Robert Aldrich etc. 
Grâce à l’argent qu’il gagne par sa collaboration avec Hollywood, il tourne son deuxième filmFaces en 1968. Écrit d’abord pour le théâtre, Faces, suit la dérive d'un couple d'âge mûr en panne, dans leur aventure extraconjugale. Avec son propre style, Cassavetes libère le jeu d'acteur qu'il place au centre de son dispositif cinématographique et focalise son œuvre sur la classe moyenne américaine.
Le film est sélectionné à la Mostra de Venise dans la catégorie “meilleur film” et “meilleure interprétation masculine”, en revendiquant trois Oscars.
Entouré d’acteurs fidèles à son cinéma (Peter Falk, Ben Gazzara, Seymour Cassel) Cassavetes a aussi réalisé les films Husbands, Minnie et Moskowitz, Opening Night, Torrents d'amour, Meurtre d'un bookmaker chinois, Gloria et Big trouble sans céder aux facilités d’un cinéma idéologique ou sociologique. Les films de Cassavetes parlent des sentiments et des faiblesses de ses protagonistes filmés sans cesse par le réalisateur, souvent jusqu’ à ce que la pellicule arrive à son terme.
John Cassavetes a laissé son empreinte dans l'histoire du cinéma américain influençant également le cinéma européen. Woody Allen, Pedro Almodóvar entre autres, font l’éloge du metteur en scène gréco-américain tout en s’appropriant un certain nombre d’éléments de son œuvre cinématographique.