Derrière les premiers pas artistiques d’un Marlon Brando ou d’un James Dean mais aussi derrière le fondement du fameux Actor’s Studio à New York en 1947 se trouve Elia Kazan l’un des meilleurs metteurs en scène américains du XXème siècle.
Mais son vrai nom Ilias Kazantzoglou témoigne d’un passé grec qui remonte aux dernières années de l’Empire Ottoman. Ilias est né à Konstantinople en 1909. Arrivé à l'âge de quatre ans aux Etats-Unis, Kazan fait ses études à New York, où son père est venu monter une affaire de vente de tapis. Ilias ne se dissocie jamais de son passé. Preuve en est son film America/America tourné en 1963.
Au début du film, la voix off d'Elia Kazan informe les spectateurs que l'histoire du film est celle de sa famille : "Mon nom est Élie Kazan, je suis Turc par la naissance, Grec par les origines, et Américain parce que mon oncle a fait un voyage".
Ici, Stavros un grec cappadocien qui vit en Anatolie à la fin du XIXième siècle entame le long et dangereux périple jusqu’à Constantinople dans l’espoir d’embarquer sur un bateau à destination de New York. Chronique de l’aventure de la migration, le film est célèbre tant pour l’ intérprétation de Stathis Gialelis que pour la musique raffinée du grand compositeur grec Manos Hatzidakis.
Pour le reste et sans méconnaitre son œuvre théâtrale en tant que metteur en scène où il s’ attache aux antipodes du style brechtien à la méthode Stanislavski, Kazan avec son œuvre cinématographique embrasse l'histoire de la société moderne, du racisme à la guerre du Viêt Nam, en passant par l'immigration et la crise de 1929.
En 1945, il signe son premier long métrage, Le Lys de Brooklyn, dès cette première œuvre, il montre un talent de direction d'acteurs, fruit de ses expériences théâtrales, et un intérêt pour les sujets d'inspiration sociale.
Deux ans plus tard, il tourneBoomerang, l'histoire d'une erreur judiciaire et Le mur invisible qui traite de l'antisémitisme, ce film remporte de nombreux Oscars. Elia Kazan s'affirme avec Panique dans la rue (1950), film noir où des gangsters propagent la peste dans une ville de La Nouvelle-Orléans, l'année suivante, il délaisse les problèmes sociaux et adapte à l'écran une pièce de Tennessee Williams qu'il avait mise en scène au théâtre en 1947, Un tramway nommé Désir, et il confie à Marlon Brando le rôle qu'il a joué sur scène.
Page noire dans sa biographie, son rôle à l’époque du maccarthysme lorsqu’ il avoue son ancienne appartenance au Parti Communiste et dénonce certains de ses amis dont Arthur Muller et Jules Dassin.
Il tente de se justifier dans ses films suivants, l'écrivain John Steinbeck écrit le scénario de Viva Zapata ! (1952), réflexion sur le pouvoir corrupteur. Avec A l'est d'Eden(1954), Kazan revisite le thème d'Abel et Caïn à travers le parcours d'un jeune rebelle. Un homme dans la foule (1957) dresse un état des lieux du monde du spectacle et de la politique.
Il meurt en 2003 ayant reçu un grand nombre de prix et de distinctions de toute sorte.